Maladie de Lyme

La maladie de Lyme est une maladie causée par une bactérie du nom de Borrelia Burgdorferi qui est transmise principalement par la tique du Chevreuil (Ixodes). Cette bactérie se multiplie à l’intérieur de la tique et pénètre dans l’animal lorsque cette dernière à terminé son repas de sang, 36 à 72 heures après s’être attachée à son hôte. Au site de la morsure, l’organisme se multiplie davantage puis commence sa migration à travers les tissus. L’animal devient alors porteur de l’organisme de façon persistante. 

La maladie peut affecter les humains, les chiens et les chats quoique ces derniers servent surtout de vecteurs du parasite et sont rarement malades. La tique habite les régions tempérées et la maladie est plus souvent rapportée entre les mois de mai et novembre. Le risque qu’un chien se fasse mordre par une tique est plus élevé lorsque ce dernier fréquente les endroits où la végétation est dense mais il est tout de même possible qu’un chien habitant seulement la ville soit infesté de tiques. Tel que déjà mentionné, la maladie de Lyme affecte aussi les humains. Cependant, un humain ne peut pas attraper la maladie directement d'un chien.

Chez le chien, les symptômes ne sont apparents que dans 5 à 10% des cas et ont tendance à apparaître de 2 à 5 mois après l’infection. On observe alors de la boiterie avec de l’arthrite affectant une ou plusieurs articulations, une augmentation de la taille des nœuds lymphatiques, de l’abattement ainsi que de la fièvre. Ces symptômes disparaîssent en environ 3 jours. Il existe également des syndromes plus sévères mais heureusement moins fréquents associés à la maladie de Lyme où les reins, le cœur et le système nerveux peuvent êtres atteints.

Afin de diagnostiquer la maladie, nous nous fions aux symptômes présentés par l’animal ainsi qu’à des tests sérologiques qui consistent à vérifier s’il y a présence d’anticorps dirigés contre l’organisme dans le sang. Parmi les différents tests sérologiques disponibles, le test que nous utilisons à l’Hôpital Vétérinaire de l’Est s’appelle le SNAP 4DX des laboratoires IDEXX. Ce test détecte les anticorps dirigés contre le ''Lyme peptide C6''. Ce peptide est exprimé seulement lors d’une infection ce qui permet de distinguer les chiens qui ont été exposés de façon naturelle de ceux qui ont été vaccinés contre la maladie de Lyme. Étant donné qu’il s’agit d’un test de dépistage très fiable, nous pouvons être assurés que le chien n’a jamais été exposé à l’organisme lorsque le résultat du test est négatif. Dans le cas d’un résultat positif, nous recommandons d’envoyer le sang de l’animal dans un laboratoire externe afin d’obtenir une valeur précise du nombre d’anticorps présents dans son sang. Ceci nous permet d’avoir une valeur de base à laquelle nous pourrons comparer les résultats subséquents lors du suivi de la réponse au traitement. Lorsque l’infection est diagnostiquée, il est également recommandé de vérifier s’il y a présence de protéines dans l’urine de l’animal, ce qui pourrait indiquer que l’organisme a atteint les reins.

En ce qui concerne le traitement de la maladie, nous pouvons nous poser la question suivante : Faut-il traiter tous les chiens qui sont séropositifs, même ceux qui n’ont pas de symptômes? La réponse est claire pour ceux qui en ont. Le traitement consiste à administrer un antibiotique, la Doxycycline étant le médicament de choix, pendant 4 à 6 semaines. Pour ce qui est des chiens qui n’ont pas de symptômes, nous pouvons nous demander s’il vaut la peine de dépenser le montant d’argent associé au traitement surtout si l’on considère que les chiens peuvent rester infectés avec un faible nombre d’organismes qu’ils aient été traités ou non. Malgré que cela ne soit pas prouvé, il semblerait que le traitement entraînerait la baisse des titres d’anticorps plus vite que si le chien n’était pas traité. À l’heure actuelle, nous recommandons le traitement pour tout chien qui a des titres d’anticorps au-delà d’une certaine valeur puis d’évaluer la réponse au traitement en revérifiant le niveau d’anticorps 6 mois plus tard. Lorsqu’il y a atteinte aux reins, il peut s’avérer nécessaire de traiter pour une période prolongée non seulement avec des antibiotiques mais aussi avec les médicaments et les soins de support indiqués dans les cas d’insuffisance rénale. Certains chiens souffrant d’arthrite ne répondent pas bien aux antibiotiques uniquement, il faut alors ajouter des corticostéroïdes à leur traitement. Si un chien transporte sur lui une tique infectée, il peut alors contaminer l'environnement immédiat de son propriétaire. Il est donc important de prévenir ce danger en retirant les tiques présentes sur les animaux et d'administrer des traitements préventifs durant les périodes propices.

Le pronostic est bon pour les chiens présentés lorsqu’ils ont seulement de l’arthrite et de la fièvre puisque la plupart répondent bien aux antibiotiques. À l’opposé, le pronostic varie de réservé à pauvre lors d’atteinte aux reins.

Étant donné qu’il faut un certain temps à une tique infectée pour transmettre l’organisme, il est utile de vérifier à chaque jour si le chien est infesté de tiques et de les enlever manuellement lorsqu’elles sont présentes. Tandis que la tête de la tique est enfouie dans la peau de l’animal, son corps et ses pattes sont libres. La façon de parvenir à retirer la tique est d’appliquer une tension constante sur son corps avec une pince. Au bout de quelques minutes, la tique devrait lâcher prise. Il faut prendre soin de ne pas arracher la tique afin de ne pas laisser les pièces buccales dans la peau ce qui pourrait entraîner une réaction inflammatoire locale plus ou moins importante. Il est important de porter des gants lorsqu’on touche aux tiques à cause du risque de transmission à l’humain.

D’autres moyens de prévenir l’infestation par les tiques incluent les mesures suivantes : tondre le gazon régulièrement et utiliser des produits homologués pour le contrôle des tiques. À l’Hôpital Vétérinaire de l’Est, nous préconisons l’utilisation d’un produit qui s’appelle RÉVOLUTION^(R). Il s’agit d’un liquide que l’on applique sur la peau entre les omoplates et qui sera absorbé, et distribué partout par le système sanguin. La tique qui ingère ce sang mourra en 48 à 72 heures. Il est important de comprendre que bien que ce produit soit efficace pour contrôler la population de tiques, il n’est pas efficace pour empêcher la transmission de la maladie parce que la tique peut avoir transmis l’organisme à son hôte avant de mourir.

Il existe un vaccin contre la maladie de Lyme. Jusqu’à maintenant, son utilisation était controversée parce qu’il pouvait engendrer une glomérulonéphrite chez les individus prédisposés. Cependant, selon une étude récente dont les résultats n’ont toutefois par encore été publiés, il semblerait qu’il n’y ait pas lieu de s’inquiéter lorsque l’on vaccine un chien séronégatif. En ce qui concerne la vaccination des chiens séropositifs, celle-ci pourrait être potentiellement risquée surtout si le titre d’anticorps est très élevé et qu’un certain type de vaccin est utilisé. Différents protocoles impliquant un traitement avant la vaccination ainsi que l’utilisation de vaccins dits recombinants sont présentement à l’étude afin de diminuer le risque relié à la vaccination des chiens séropositifs. À l’Hôpital Vétérinaire de l’Est, nous recommandons la vaccination pour tous les chiens à l’exception de ceux qui sont gardés à l’intérieur en tout temps ou presque, qu’ils soient séronégatifs ou séropositifs. En effet, même si ces derniers possèdent des anticorps cela ne guaranti pas que leur système immunitaire soit assez fort pour empêcher la maladie. Le risque d’une surinfection serait probablement plus dommageable que les effets possiblement négatifs reliés à la vaccination. Il est toutefois important de se rappeler que le contrôle des tiques est essentiel parce qu’une charge très importante de l’organisme responsable de la maladie de Lyme pourrait excéder la protection vaccinale.