Dysplasie de la hanche

Qu'est-ce que la dysplasie de la hanche?

La dysplasie de la hanche est une anomalie de développement (dysplasie) de l'articulation coxofémorale (hanche) qui peut atteindre une ou les deux hanches.

La condition survient lorsque de la laxité présente dans la hanche y entraîne une instabilité. Interviennent alors des forces anormales sur l'articulation qui étirent les fibres de la capsule articulaire (enveloppe fibreuse entourant l'articulation) et du ligament de la tête du fémur (ligament qui attache la tête fémorale au fond de l'acétabulum).

Les mouvements des os de l'articulation étant alors moins limités dans l'espace entraînent des subluxations coxo-fémorales répétées et du frottement des stuctures les unes sur les autres avec apparition de micro-fractures du bord de l'acétabulum et des dommages au cartilage articulaire qui se traduisent par de la douleur et de la boiterie d'intensité variable.

La présence de dommages articulaires et d'inflammation chronique causent des changements osseux au niveau des surfaces articulaires avec installation progressive d'ostéoarthrose qui perdureront pendant toute la vie du chien.

Dépistage

Chez un animal très jeune, il est parfois possible de détecter, en apposant les mains sur ses hanches pendant qu'il marche, de l'inconfort ou de la douleur ainsi que de l'instabilité articulaire. Si la hanche subluxe, un « cloc » peut parfois être ressenti lors de l'appui du membre au sol.

Un examen radiographique des hanches de l'animal sous anesthésie générale, selon une méthode appelée « PennHip », peut être effectué aussi tôt qu'à seize semaines d'âge.

Cette méthode évalue l'intégrité de la conformation des hanches en utilisant trois vues différentes. Celles-ci permettent non seulement de détecter la présence de changements arthritiques s'il y a lieu mais également de vérifier si les hanches sont lâches et, le cas échéant, de calculer précisément le degré de laxité présente. Cette information est importante, car plus le degré de laxité est élevé, plus le risque de subluxation et d'apparition éventuelle d'ostéoarthrose est élevé.

Pendant que l'animal est anesthésié, on peut aussi en profiter pour faire des manipulations spécifiques de ses hanches afin d'évaluer leur degré de laxité.

Les signes cliniques

Plusieurs signes peuvent être indicateurs de douleur chez un chien souffrant de dysplasie de la hanche :

  • Diminution de la tolérance à l'exercice.
  • Réticence à marcher, à courir, à sauter et à monter les escaliers. Certains chiens très douloureux présenteront même une réticence à se lever.
  • Boiterie d'un ou des deux pattes arrières. Une démarche “chaloupante” est classiquement observée (roulement des hanches).
  • Course en saut de lapin (propulsion simultanée des pattes arrières).
  • Perte de masse musculaire au niveau des cuisses.

Plusieurs chiens ne démontreront toutefois aucun signe évident de douleur. 

D'autres, au contraire, démontreront de la douleur vers 6 à 8 mois d'âge. Celle-ci peut ensuite diminuer avec la croissance puis réapparaître quelques mois à quelques années plus tard lorsque de l'ostéoarthrose s'installera. À ce moment, l'animal peut boiter suite à un exercice trop intense ou encore manifester de la raideur après un repos prolongé.

Un excès de poids peut exacerber ces signes.

Les options de traitement

Plusieurs options de traitement sont disponibles. Celles-ci dépendant de plusieurs facteurs, soit:

  • L'âge du chien;
  • Son degré d'inconfort;
  • L'examen orthopédique et radiographique;
  • Les attentes et le budget du client.

La condition peut être traitée médicalement ou chirurgicalement.

Traitement médical

Le traitement médical vise essentiellement à limiter la progression de l'arthrose. Voici comment faire :

D'abord, si le poids de l'animal est optimal, il est très important qu'il le reste. Pour s'en assurer, son niveau d'activité ainsi que la quantité de nourriture qu'il ingère doivent être contrôlés.

Il est très important que le nombre de calories qu'il ingère ne dépasse pas le nombre de calories qu'il dépense. Ainsi, dans le calcul de la quantité de nourriture à offrir, il faut tenir compte non seulement de son poids mais aussi de sa conformation et de son style de vie.

Il ne faut pas oublier non plus de tenir compte du nombre de calories fournies par les gâteries qu'il mange, car celles-ci peuvent faire la différence entre un poids santé et un surplus de poids. De la nourriture spécifiquement conçue pour optimiser la santé articulaire devrait être privilégiée et les quantités calculées en fonction des besoins caloriques spécifiques de l'animal.

Si, par contre, l'animal présente de l'embonpoint, il est impératif qu'il perde du poids. Une diète amaigrissante sera alors indiquée. Sur le marché, toutefois, il n'existe présentement qu'un nombre limité de sortes de nourritures approuvées à la fois pour la perte de poids et pour le maintien de la santé articulaire.

Ensuite, des suppléments de chondroprotecteurs seront de mise afin de protéger les cartilages articulaires.

Finalement, des antiinflammatoires pourront être utilisés au besoin.

Bien qu'environ 75% des jeunes chiens atteints de dysplasie de la hanche qui sont traités médicalement peuvent vivre une vie à peu près normale mais non sportive une fois leur croissance terminée, l'autre 25% des chiens nécessitera un traitement chirurgical.

Malheureusement, puisque la dysplasie nuit généralement de façon significative à la qualité de vie des chiens affectés, plusieurs finissent par être euthanasiés.

Pour tenter d'éviter d'en arriver là, il est recommandé que les chiens dont la condition est détectée précocement, c'est-à-dire avant l'apparition d'arthrose, soient opérés rapidement afin de leur permettre d'avoir une vie active sans arthrose ni douleur.

Traitement chirurgical : les chirurgies préventives

Symphodièse juvénile pubienne :

Il s'agit d'une technique qui, lorsqu'effectuée pendant la croissance du chien, arrête la croissance de la portion avant du pubis, ce qui mène, au cours des mois suivant la chirurgie, à un changement de position de l'acétabulum et à un meilleur recouvrement de la tête fémorale. Conséquemment, la laxité de l'articulation s'en trouve diminuée réduisant ainsi le risque de subluxation.

Pour obtenir l'effet escompté, la chirurgie doit être effectuée avant l'âge de 18 semaines (22 semaines pour les races géantes). Il s'agit d'une technique qui est peu coûteuse et dont les complications sont peu nombreuses.

Le pronostic dépend de l'âge de l'animal ainsi que de la sévérité de la dysplasie au moment de la chirurgie.

Triple ostéotomie du bassin :

Tout comme la symphodièse juvénile pubienne, la triple ostéotomie du bassin est une chirurgie préventive qui consiste à augmenter le recouvrement de la tête fémorale par l'acétabulum, empêchant ainsi la subluxation coxofémorale, et qui doit, elle aussi, être effectuée tôt dans la vie du chien, soit avant l'âge d'un an.

Le pronostic est excellent pour un retour à une vie active, incluant des jeux et des courses soutenus, en autant que le candidat ait bien été choisi, c'est-à-dire avant que de l'arthrose apparaisse et quand les hanches ne sont pas trop lâches.

Parmi les complications les plus fréquentes associées à cette chirurgie, il y a le déplacement/délogement des vis, des infections, une incapacité de l'animal d'accoler son membre à son corps ainsi que le développement d'arthrose en dépit de la procédure.

Afin de minimiser le risque que de telles complications ne surviennent, l'animal devra être gardé au repos strict jusqu'à ce que des radiographies confirment la guérison osseuse. Par la suite, l'exercice pourra être repris graduellement. La surveillance et les soins aux plaies sont d'une grande importance également afin d'empêcher ou de prévenir les contaminations bactériennes. 

Recommandations

Tel qu'il a été mentionné précédemment, une croissance rapide, une nutrition trop riche ainsi que des traumatismes répétés sur les articulations des hanches sont des facteurs qui, en plus de la composante génétique à la base de la dysplasie de la hanche, peuvent influencer négativement l'apparition de la maladie chez les chiens atteints. 

Il existe toutefois des précautions pouvant être prises pour tenter de limiter ou de retarder l'apparition et la progression de l'ostéoarthrose.

D'abord, il est primordial de contrôler le poids de l'animal afin que celui-ci ne développe pas d'embonpoint, ce qui augmente le stress sur ses articulations. 

Pour ce faire, il est recommandé de lui offrir une diète équilibrée pour chiots de grandes races, jusqu'à l'âge de un an et demi, et pour chiens adultes de grandes races par la suite, en prenant soin de calculer avec précision les quantités qu'il devrait manger.

Nous vous suggérons de demander à l'un de nos vétérinaires ou l'un de nos techniciens en santé animale de faire le calcul pour vous plutôt que de vous fier aux quantités inscrites à l'endos des sacs de nourritures. En effet, celles-ci représentent des quantités moyennes qui ne tiennent pas compte de la conformation individuelle de chaque animal ni de son style de vie.

Ensuite, il est important de contrôler les exercices que l'animal fait afin d'éviter les traumatismes sur les articulations des hanches.

Ainsi, les mouvements brusques et à forts impacts sont à éviter, tels que les courses prolongées, les sauts, les départs et les arrêts brusques, etc.

Il faut plutôt privilégier un programme d'exercices à faibles impacts exécutés régulièrement. Par exemple, la natation, les marches dans la neige profonde, les marches calmes, etc. On peut toutefois laisser jouer un animal qui le veut tout en s'assurant de respecter ses limites.

Également, l'administration de protecteurs de cartilages articulaires (chondroprotecteurs) est indiquée et ce, pour toute la vie de l'animal.

Finalement, des antiinflammatoires et/ou des analgésiques peuvent être prescrits au besoin.

Les causes

Bien qu'une forte composante génétique ait été prouvée, une croissance rapide et une nutrition trop riche sont des facteurs qui influencent le développement de la maladie. Des traumatismes répétés peuvent également empirer le problème en causant de l'inflammation et de l'effusion (liquide) articulaire.

Qui en est affecté?

Cette condition atteint plus souvent les chiens de grandes races, surtout ceux âgés entre 5 et 10 mois dont les hanches sont lâches et ceux plus âgés atteints d'arthrose.

Traitement chirurgical : les chirurgies de sauvetage

Arthroplastie fémorale :

Cette procédure, qui consiste à exciser la tête et le col fémoraux, est normalement réservée pour les chiens de petites et de moyennes tailles qui boitent de façon marquée ou répétée.

Elle est effectuée quand une chirurgie préventive n'est plus envisageable ou que la prothèse totale de la hanche (voir section chirurgies de sauvetage) n'est pas une option pour le propriétaire.

Le pronostic varie beaucoup selon le poids et la masse musculaire du patient ainsi que selon l'assiduité de la réhabilitation et de la physiothérapie postopératoires.

En effet, l'animal se doit d'avoir des muscles bien développés, car ce sont eux qui prendront la relève pour stabiliser l'articulation après la chirurgie. Un excès de poids, au contraire, lui sera néfaste.

La fonction du membre opéré des petits chiens et des chiens moyens est généralement excellente tandis que celle des grands chiens est bonne dans 50% des cas.

Les autres continuent toutefois de boiter à des degrés variables quoique généralement moins qu'avant la chirurgie.

Les chiens de races géantes, quant à eux, ne devraient pas subir cette intervention parce qu'ils sont beaucoup trop lourds, ce qui fait qu'ils n'y répondent pas bien.

Dénervation craniodorsale de la hanche :

Cette chirurgie cause la destruction partielle de l'innervation de la capsule articulaire. Elle est généralement effectuée seulement sur les très vieux chiens peu actifs parce que les chiens actifs ne s'améliorent que très peu.

Il peut arriver que la circulation nerveuse de la hanche se rétablisse suite à la chirurgie, mais ceci se fait de façon très aléatoire et peut même ne jamais se produire.

Remplacement total de la hanche :

Afin d'éliminer complètement la douleur et de permettre un fonctionnement normal de la hanche, celle-ci peut être complètement remplacée par une prothèse artificielle. Le but étant de permettre à l'animal de retourner à une vie active et sportive.

Il s'agit de la meilleure option quand une chirurgie préventive n'est plus possible. Cette procédure donne une excellente fonction articulaire et peut être effectuée n'importe quand, en autant que la croissance de l'animal soit pratiquement terminée.

Les complications surviennent dans environ 10% des cas. Les plus fréquentes incluent les luxations, les fractures du fémur, le descellement des implants et les infections.

Garder l'animal au repos strict pendant 6 à 8 semaines après la chirurgie peut minimiser le risque de complications et maximiser la récupération. Par la suite, l'activité pourra être reprise graduellement jusqu'à atteindre un retour à la vie sportive 3 mois suivant la chirurgie.